Amor amor !

Il est arrivé tout penaud à la réception. Tout timide, le genre dont on ne se souvient pas, qui passe inaperçu, qui se fond dans la foule.

Faut dire qu'il a tout juste 20 ans. Un ptit jeune, encore peu sûr de lui. Effacé, oublié, ignoré. Une coupe de cheveux improblable, ressemblant au geek de base, sa petite paire de lunettes rondes sur le nez. Un blouson à l'américaine, un jean délavé. Rien de plus normal quoi.

Il voulait prendre sa chambre. Alors que je lui donne sa clé, il me dit, d'un ton peu assuré, qu'un ami viendra passer la nuit chez lui. Il sait ce qu'il lui en coûtera et que le règlement, vaut mieux l'observer avec le concierge qui rôde et qui guette. Il paye. Il me dit que son ami passera une nuit de plus, du vendredi au samedi, mais que celui-ci viendra payer lui-même.

Le lendemain, il revient, comme promis. Mais il ne me parle pas, reste en retrait derrière son colocataire de deux nuits, l'air toujours aussi timide, même pire. Son ami s'avance devant le guichet, l'air aguicheur. Une drôle de paire de potes, quand même.

Je me prépare à prendre le montant, sors le carnet de quittance et note les informations nécessaires.

Votre nom ?
... Orlando.
(Hum). Et votre nom de famille ?
... Amor.

Ah oui. Je comprends mieux. Ou pas. C'est le cas de le dire.
Orlando Amor.
Forcément, c'est tellement gros comme un building de douze étages que ça passe pas, à plus forte raison au vu de mon historique.

I hope you had the best time of your life.

J'hésite un moment à demander une pièce d'identité. Je me résigne, me disant que ce pseudonyme n'est pas là pour rien et que Orlando cherche à tout prix à cacher sa véritable identité.
Oui.
Mais pourqoui ?

Mon instinct me parle et je m'efforce de le faire taire.
Un pari ? Ouais atta, on va voir la gueule de la réceptionniste, je suis sûr qu'on va se marrer !
Loupé mon gars, je suis certaine que t'as pas vu mon fou-rire qui s'étouffait en-dessous de mon diaphragme.
Une rencontre de deux nuits sur internet ? Non mais vraiment, je suis obligé... Avec mon vrai nom, ce serait pas possible.
Busted !
Ou pire... Un prostitué ? C'est mon travail, faut que je garde ma vraie vie à couvert.



Vraiment, faudrait que j'arrête :

Môsô Shôjo Otakukei / Otaku-Girls (titre français, si on peut dire)
Konjoh Natsumi

(Lecture hautement recommandée. La pub était simple et ne pouvait que me parler :

Attention : tomber amoureux d'une fan de YAOI
peut entraîner de graves effets secondaires

Je ne fus pas déçue et retournerai sous peu voir mon libraire (agreuh) pour commander la version française de ce petit bijou. Tu ne comprends pas le phénomène Yaoi ? Tu ne comprends pas le mot Fujoshi ? Ce manga est fait pour toi. Tu te marreras et tu découvriras un monde plein de merveilles ou d'horreurs, c'est selon.)