27 octobre 2009

C'est lui qui le dit...



Je ne pensais pas publier de note aujourd'hui.

Je ne pensais pas écrire aujourd'hui.
Je ne pensais pas parler aujourd'hui.

Jeudi, yaura une note, mais je serai en train de passer mon deuxième examen écrit, à St-Gall. 6 heures de train pour 3 heures officielles d'examen (tout ça pour dire que je ressortirai de la salle en moins de deux heures).

Aujourd'hui, juste une petite apparition furtive grâce à Valérie, sans qui je n'aurais sans doute jamais eu vent de cette nouvelle parution :

Veangeance du traducteur.

Je ne saurais parler mieux que lui-même alors profite des premières lignes. Rien que ça, c'est du bonheur pour nous autres ignorés de la culture.


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* Je loge ici sous cette fine barre noire. Voici mon lieu, mon séjour, ma tanière. Les murs sont peints en blanc, puis couverts de nombreuses lignes de minces caractères noirs, comme une frise irrégulière, un papier peint changeant. Bienvenue à toi, cher lecteur, franchis donc le seuil de mon antre. Ce n’est pas aussi spacieux que chez mon voisin d’au-dessus, mais en son absence j’accueille ici ses visiteurs déroutés par cette désertion inexpliquée. Je sais que c’est lui que tu venais voir, et tu tombes sur moi. Il faudra t’en accommoder. Dans ce modeste espace je joue des coudes. J’empile ces lignes pour que ma cave ne soit pas un cercueil, ma soute un tombeau.
Fais comme chez toi, mets-toi à l’aise et, s’il te plaît, laisse au vestiaire les ronds de jambe et les sourires convenus des visiteurs du propriétaire, seigneur et maître, qui vit et reçoit à l’étage supérieur. J’espère que tu ne seras pas trop dépaysé, même si je te réserve quelques surprises. Prends garde, simplement, de ne pas te cogner la tête contre le plafond. Tu verras, la hauteur en est variable d’une pièce à l’autre. Saches aussi que chez moi tous les espaces communiquent, mais à la manière de ces chambres de bonne qu’on réunit parfois en enfilade sous le toit des immeubles : chacune donne sur la suivante et il faut les traverser toutes pour atteindre la dernière. Ce n’est pas très pratique, mais il n’y a pas moyen de faire autrement.
D’habitude je ne reçois personne, je reste invisible et muet, assigné à résidence exiguë, relégué sous terre. Là-haut, à l’air libre, au-dessus de cettebarre, de ce couvercle étanche pour moi infranchissable, je suis certes partout présent, mais sur un mode que je ne comprends pas très bien moi-même, sous une forme bizarre, ectoplasmique et contrainte. J’évolue incognito, désincarné, fantôme obéissant et fidèle comme l’ombre demeure rivée au corps, coulé depuis toujours dans le moule de l’autre, de ce voisin bruyant qui s’exhibe en pleine lumière, de ce grand escogriffe à qui tu venais rendre visite, mais qui a soudain disparu sans laisser d’adresse.
Ce n’est pas une vie, c’est à peine exister. Mes notes ? Des apparitions aussi fugaces que celles du furet ou de la taupe, de l’étoile filante ou du rayon vert : les serviles explications de l’exégète transi par la foi. (Nuit du Taiseux)[...]

1 commentaire:

  1. C'est tout simplement magnifiquement écrit.
    Comme quoi...
    :p
    (je sais, tu me hais)

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