Faux départ [2]

Nous nous retrouvons aujourd'hui pour une compétition un peu spéciale.
Tout d'abord, permettez-nous de vous rappeler que nos compte-rendus sont différés.
Mardi passé nous vous relations la course et l'entrée en compétition de la nouvelle. Aujourd'hui, nous allons vous parler de ce qui s'est passé une demi-heure après.

L'épreuve d'aujourd'hui est toute nouvelle. Elle vient tout juste d'entrer au panthéon des jeux olympiques du Faux Départ.
Son nom définitif n'a pas encore été décidé mais nous l'appellerons, pour faciliter la compréhension, le jeu du "celui qui fera le plus chier l'autre".
Les règles sont simples.
Un arbitre donne des instructions au concurrent n°1, en l'occurence Zia, et le concurrent n°2, ici la nouvelle, doit tout faire pour pourrir la vie de concurrent n°1.

Les sportifs sont prêts.
L'arbitre donne les indications nécessaires.

Zia doit donc, le plus vite possible, déplacer l'ordinateur du bureau de la soeur (qui sera très heureuse à son retour) vers le nouveau bureau de la nouvelle (qui a son surnom définitif qui ne prendra sens qu'à la fin de ces joutes).

Première étape, Zia doit bien sûr obéir aux ordres de l'arbitre (directeur de compétition, on dira) sans broncher.
Elle peine.

Bon, on avouera que le déplacement n'est que de dix mètres. Mais nous sentons bien que Zia apprécie moyennement cette tâche massacre-dos.

Mais le jeu est formel : quoique décide l'arbitre, le concurrent doit s'y plier.

C'est parti. Zia est en pleine phase "débranchement de câbles" et "tourne autour du bureau de la soeur qui est un vrai dépotoir".
Elle s'active, elle sue, elle se presse.
Nous pouvons le dire, ce que nous voyons ici, c'est beau.
La nouvelle arrive.
Ah, je crois que là, elle a trouvé le bon filon.
Rester debout au milieu du chemin et observer patiemment la scène sans dire un mot, une expression de stupidité intersidérale sur la figure, voilà qui est une bonne approche pour commencer à craqueler la façade de patience de Zia.
Celle-ci ne dit rien, mais nous entendons presque ses pensées : "POUSSE-TOI BORDEL !!!"
La voilà qui déplace la tour. 15 kilos (précisons qu'il s'agit ici d'un très vieil ordinateur). L'écran, le clavier, la souris.

Nous ne pouvons qu'applaudir Zia qui, en 10 minutes, a déplacé tout l'attirail d'un bureau à l'autre !

Ah, il reste l'imprimante.
La nouvelle reste dans le chemin, c'est bien plus marrant comme ça. Toujours sans piper mot, il va sans dire.

L'imprimante est enfin sur le nouveau bureau.
Zia s'empresse de faire les branchements nécessaires.
A quatre pattes sous la table, elle retrouve câbles et trous correspondants. Du coin de l'oeil, elle voit des pieds. Elle entend un bruit de glissement. Elle se relève.

Nous pensons que la nouvelle a définitivement trouvé la bonne manière. Sans rien demander, sans avertir, sans s'enquêrir, elle a déplacé l'imprimante sur l'autre table.
Zia est sur le point de craquer.
"Ca va pas être possible là..."
La nouvelle affiche encore une fois cet air de perplexité creuse.
"Les câbles sont pas assez longs..."
Aucune réaction.
Zia s'énerve. Elle remet l'imprimante à sa place.

Les derniers branchements se font rapidement.
A ce moment-là, la nouvelle se décide à ouvrir la bouche.
"Je peux t'aider ?"
"Ouais, j'ai fini.............."

Zia appuie sur le bouton marche de l'ordinateur.
Il s'allume.
Victoire !
Sans tuer personne !

C'était sans compter la ténacité de la nouvelle.
Le desktop est affiché depuis 2 secondes qu'elle dit :
"On peut pas changer le fond d'écran ?"

D'un mouvement nerveux et brusque, Zia lui plante quelques palmiers derrière les icônes.
La nouvelle est sur le point de remporter cette manche.

Notre fière concurrente n°1 doit encore connecter l'ordinateur au réseau internet.
Elle s'en va chercher un modem à la réception.
Sa gentille collègue de l'accueil n'a probablement pas bien compris son expression de rage furieuse et son passage plus rapide qu'un téléchargement torrent.

L'ordinateur est connecté.
"T'es un peu informaticienne, non ?"

Zia répond simplement "non", mais nous la sentons en son for intérieur, penser : "Je suis juste un peu moins conne que toi..."

Malgré tout, il nous faudra avouer que Zia ressort vainqueur de cette épreuve.
Les efforts de la nouvelle furent honorables, mais notre héroïne a su tenir bon, contenant ses pulsions d'éclatage de crâne contre le mur en crépi.

Jolie performance !

Rendez-vous mardi prochain, si tout va bien, pour le rapport sur la compétition qui se passa l'après-midi même.